Seul au monde

Comme je me l’étais promis, mardi 30 août, je suis monté à Dormillouse pour disperser les dernières cendres d’Eva.

Chacun possède sa propre perception de l’inhumation, toutes, je pense, sont respectables dès lors qu’elles sont conciliées à l’Amour de son proche et à l’humilité, voici la mienne:

Comme un joli papillon, Eva a quitté sa chrysalide, cette enveloppe qui lui a permis d’évoluer sur terre. « Tu es poussière et tu retourneras en poussière » dans le cycle infini de la vie. « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Ce corps, bien que lui ayant joué des tours, a rempli son office et j’ai toujours trouvé Eva merveilleusement belle. Ce corps a su être le reflet de son âme. Quand je regarde les photos, j’ai l’impression qu’Eva est presque restée immuable malgré la maladie: Je perçois significativement le poids des années sur mon visage alors qu’il semblait avoir peu d’emprise sur Eva… Elle avait pourtant pris un peu d’avance (08 ans) et je souris à l’idée que cette différence aurait pu, selon les conventions, s’opposer à notre union. Je remercie régulièrement le Ciel de m’avoir donner ces deux décennies de bonheur.

 

Eva souhaitait reposer à côté de son père Marcel. Elle avait donc opté pour la crémation. Je la sais également heureuse d’avoir pris soin de son corps, symboliquement, en l’intégrant à cette nature qu’elle chérissait tant. Eva est toujours avec moi, quelque soit le lieu. Je prie toujours devant sa photo pour me sentir plus proche. Cependant, le cimetière de Villes-sur-Auzon restera aussi un point de ralliement, de partage où chacun peut venir communier avec Eva. Les traces des passages me sont d’un grand réconfort tout comme ce site. Mais Eva, c’est aussi son petit banc à Villes sur Auzon, les racines de notre bel arbre des amoureux à Fontaine de Vaucluse, également le lit de la rivière de cet endroit galvanisant qui attend la résurgence du printemps. Eva, c’est le Mont-Ventoux, sous la chapelle, avec mon père et je ne peux pas lever les yeux vers cette beauté de Provence sans penser à eux, eux qui en sont désormais constitutifs. Eva, c’est enfin Dormillousse, ce site qu’elle citait entre tous, ses racines, ses souvenirs d’enfance, nos merveilleuses vacances où elle s’épanouissait, entourée de ses enfants.

La douleur qui m’enserre me fait paradoxalement ressentir toute l’intensité d’Eva sur ce chemin du souvenir. Heureuse dans l’effort, elle positivait quelles que soient les circonstances et nous aidait à percevoir toutes les merveilles de la nature, qu’elle associait bien sûr à sa Foi dans une source divine et créatrice de cette perfection.

Les photos ci-après prises avec le très piètre appareil photo de mon portable montre l’accessibilité de ce site d’exception et donc, aussi, toute sa fragilité. Mon appareil n’a pu saisir toutes ses beautés, des couleurs qu’il rend ternes, les sons omniprésents des eaux vives, des grillons. Le calme à peine perturbé par les rares avions de ligne, très hauts dans le ciel. Tout y était: les marmottes dont les sifflements d’alerte sont un enchantement et qui se déroutaient à quelques mètres. Les marmottes profitent de ces derniers jours de chaleur avant l’hibernation. Des papillons à foison. Un beau papillon blanc et noir est venu me chatouiller le « nez » comme l’aurait fait Eva avec amusement. Un bouquetin s’est laissé approcher à 20 mètres, l’appareil photo écrase malheureusement les distances.

A l’entrée de Gap, j’ai été accueilli par des montgolfières. Belle image poétique avec le son régulier des brûleurs. Puis le Lac de Serre-Ponçon, le Mont Dauphin, le plan de d’eau de la Roche de Rame et l’arrivée au parking sous Dormillouse où le son des cascades emplit toute la vallée. Autant de souvenirs de vacances, comme un pèlerinage.

Le logo du parc des écrins ressemble à Eva. Les promeneurs ressentiront peut-être, sans la comprendre, une aura, une nouvelle magie qui se dégage de ce site…

Serge n’était pas au gîte de l’école. Il me semble que tout est pour le mieux car la rencontre aurait été difficile pour tous les deux.

J’ai dispersé les cendres d’Eva dans un espace que nous affectionnions pour nous y reposer, entourés des marmottes, dans un environnement fourmillant de vie et dans un cadre majestueux à l’écart de la présence humaine. Les arbres étaient en fleur (boules rouges), le site magnifique. Lorsque j’ai dispersé les cendres au pied de l’arbre où Eva se ressourçait puis plus largement vers le ciel pour embrasser tout l’espace, il y a eu une courte averse, exactement synchronisée avec mon action. Je l’associe, comme d’habitude, à un signe de mon Ange.

Je joins ci-après les photos de Dormillouse. Cliquez sur la première photo pour un meilleur visuel.

Dans le silence et la solitude, on entend plus que l’Essentiel…

 

Dormillouse à 6

Nous 3

 

 

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